Pour Yannick Guerdat, ça semble tout naturel, mais franchement, patron d’une PME de 15 personnes à 25 ans, dans le domaine convoité de l’Internet, c’est loin d’être banal.
Zoom sur le personnage: dynamisme communicatif, volonté étonnante, et dans .le regard cette étincelle qui annonce une belle aventure. «Aujourd’hui, je suis plus entrepreneur qu’informaticien», précise-t-il d’emblée.
Yannick travaille dur après son apprentissage à la Banque Cantonale du Jura pour préparer ses examens d’entrée en informatique à l’EPFL, où il est reçu. Mais une start-up lui offre une «place en or» à Zurich, et il renonce à la douceur lémanique avant même d’y avoir goûté. Il va développer un prototype de service de messagerie si bien ficelé qu’il lui vaut un prix d’excellence et un bon d’achat de 150 francs pour des CD… au lieu des 10% promis sur la valeur du service estimée à 500 000 francs. Cette mésaventure le stimule plus qu’elle ne le décourage: «Les idées, je dois les avoir.» Il les a, et les concrétise avec Artionet. Après six mois de préparation, son entreprise est créée. C’est alors le retour dans le Jura, où l’environnement familial lui permet de se lancer. Premiers jobs pour des sites équestres. Diable, Yannick est le frère de Steve et le fils de Philippe!
Mais on a beau avoir des idées, il faut un tremplin. Pour lui, ce sera apm, une entreprise genevoise spécialisée dans la gestion des droits d’auteurs. Il décroche un contrat qui lui permet de poser les fondations. Artionet se construit là-dessus, et vite. La société est installée dans un immeuble du centre de Delémont.
A part le patron, sa maman secrétaire et une employée, les collaborateurs ne sont pas Jurassiens mais à une exception près, tous habitent la région. Artionet, qui réalise la quasi-totalité de son chiffre d’affaire hors du jura (70% en région lémanique), accumule les clients prestigieux, développe un modèle économique – ses produits sont loués et non vendus – qui crée une relation étroite avec ses partenaires.
L’Avenir? Yannick Guerdat, ce fondu de travail qui avoue vivre des «journées un peu fofolles», pourrait se plonger dans la politique. Et comme il aime faire bouger les choses et ne cache pas ses ambitions «très élevées», il se verrait volontiers conseiller fédéral. Le premier jurassien, peut-être… L.K.